L’homme derrière le modele: Gregory Peck
Quelques années après les 50 ans de l’adaptation du célèbre roman d’Harper Lee: To kill a Mockinbird ( ne tirez pas sur l’oiseau moqueur), Oliver Peoples s’est rapproché d’Anthony Peck.
Avec l’idée de réinterpréter l’iconique lunette que son père, Gregory Peck, portait dans le film.
« Je n’étais pas familier avec l’univers d’Oliver Peoples mais j’ai vite compris qu’ils aimaient le look rétro de cette lunette » confie Anthony Peck.
Désormais le modèle Gregory peck est iconique, il est décliné aussi bien en optique qu’en solaire.
Cette lunette est intemporelle et tellement élégante!
Gregory Peck n’est pas une icône simplement parce qu’il a incarné de nombreux personnages charismatiques à l’écran, mais parce qu’il a une personnalité remarquable dans la vraie vie. Lorsqu’on lui demande ce qui a fait de son père une icône, Anthony répond :
« Greg est resté fidèle à lui-même jusqu’au bout. Les tendances ne l’intéressaient pas, pas seulement dans la mode, mais aussi dans la vie en général. C’était un bon père, un bon mari et un bon citoyen. »
Né à La Jolla en Californie en 1916, Gregory Peck a été élevé par sa grand-mère qui l’emmenait voir des films muets chaque semaine. Apres une tentative vaine dans des études de médecine, Peck part en 1939 pour New York avec 160 $ en poche et une confiance à toute épreuve.
Grand, très beau et incroyablement charmant, son pari sur lui-même a porté ses fruits. Après s’être fait les dents au Neighbourhood Playhouse, à Broadway, et après des études de théâtre auprès de Michael Checkov, Peck s’est rapidement retrouvé comme acteur établi dans le Hollywood des années 40.
Dans les années 50, il était devenu une véritable star, avec trois nominations aux Oscars et une victoire aux Golden Globes pour Jody et le Faon à son actif. S’épanouissant dans les Western populaires, les films militaires et les films d’aventure de l’époque, Peck était connu pour apporter beaucoup d’authenticité à ses rôles, conférant ainsi une qualité certaine à tous les films dans lesquels il jouait. En peu de temps, il avait déjà travaillé à plusieurs reprises avec Alfred Hitchcock, Ingrid Bergman et Ava Gardner, et s’était rapproché de plusieurs de ses pairs tels que Cary Grant, Frank Sinatra, Fred Astaire et Clark Gable, qui allaient devenir des amis de longue date.
En 1952, Peck a eu l’occasion de montrer une autre facette de lui-même dans le classique de William Wyler, Vacances romaines, aux côtés d’Audrey Hepburn dans son premier long métrage, pour lequel elle a remporté un Oscar.
« Mon père avait un sens de l’humour extraordinaire. Il était plein d’esprit et irrévérencieux, mais jamais aux dépens de quiconque. »
L’idée que Peck était toujours sérieux et portait en lui une certaine tristesse n’est pas difficile à saisir étant donné ce qui fait sa notoriété. Cependant, il suffit de regarder Vacances romaines pour voir à quel point il pouvait se montrer gai et jovial. Avec son solide statut de premier rôle, il avait le loisir de choisir les projets qui l’intéressaient vraiment, ce qu’Anthony considère comme l’un des principaux aspects de la personnalité de son père.
« Il devait faire ce en quoi il croyait, il ne travaillait jamais pour l’argent, c’était toujours pour l’amour de l’art ».
Et cet amour de l’art est parfaitement perceptible dans Vacances romaines, notamment si l’on prête une attention particulière à son sens du timing, mais cela n’est pas exclusif à son travail, on le retrouve dans sa façon de s’habiller et dans ce qu’il appréciait dans la vie. Anthony se souvient :
« Il voyait l’art partout et m’a appris à l’apprécier en toutes choses. Il m’emmenait voir Sandy Koufax lancer la balle rien que pour observer sa technique. »
Cela a propulsé Gregory Peck au premier rang de sa génération d’acteurs et l’a établi comme personnalité singulière. Tout aussi intéressé par un grand joueur comme Sandy Koufax ou un violoniste comme Isaac Stern, que Peck admirait beaucoup, il n’est pas surprenant qu’Anthony se souvienne de son père lui disant :
« J’ai répété le discours de la scène au tribunal environ 500 fois pour pouvoir le faire exactement comme je le voulais et pour que cela rende bien. »
En théorie, cela pourrait indiquer une quête de la perfection, mais en pratique, c’est une question d’adaptabilité. Joueurs de baseball, violonistes, comédiens… tous les plus grands sont bien préparés et cette préparation donne lieu à de bien belles performances.
Oliver Peoples partage justement cette constante fascination pour l’art et la technique, ce qui explique le processus de conception et de fabrication de ses montures.
Bien que Gregory Peck soit décédé avant qu’Oliver Peoples ne développe la monture qui porte aujourd’hui son nom, Anthony imagine que son père aurait « très certainement porté ce modèle et apprécié le degré de savoir-faire qu’il implique », avant d’ajouter : « …l’acétate est un matériau extrêmement intéressant. J’aime le fait qu’il provienne d’une source naturelle et l’idée de pouvoir porter quasiment les mêmes lunettes que mon père à l’époque ».
Étonnamment, même à l’époque, alors qu’il était au sommet de sa popularité commerciale, Gregory Peck était un homme classique, « un look de professeur, digne de confiance » préférant les costumes Savile Row de chez Huntsman, magasin réputé pour habiller les gentlemen et les banquiers britanniques, aux tailleurs plus contemporains et aux styles juvéniles arborés par nombre de ses pairs.
« Son style s’inspirait fortement des britanniques, raffiné sans pour autant être guindé, et c’était un reflet extérieur de qui il était à l’intérieur », raconte Anthony à propos des choix vestimentaires de son père. « Ses tenues de tous les jours étaient d’une élégance subtile, et ses lunettes et costumes s’imprégnaient complètement de ses qualités. Ce n’était pas une « fashion victim », mais simplement un homme très élégant », continue Anthony.
Politiquement progressiste, il a activement participé aux manifestations contre la guerre et au mouvement des droits civiques, il s’est battu pour les droits des travailleurs et a reçu à juste titre le prix humanitaire Jean Hersholt de l’Academy of Motion Picture Arts & Sciences en 1967, ainsi que la médaille présidentielle de la Liberté en 1969. Peck lui-même disait de son interprétation d’Atticus Finch :
« J’y ai mis tout ce que j’avais : tous mes sentiments et tout ce que j’avais appris en 46 ans d’existence, sur la vie de famille, la paternité et les enfants. Mais aussi mes sentiments sur la justice raciale, les inégalités et les opportunités ». Faisant écho à ce sentiment, Anthony déclare : « Dans la vie, je ne prends jamais de décision sans me demander ce qu’il aurait fait ».
Ce qui nous inspire chez Gregory Peck, ce n’est pas seulement son style, mais aussi les valeurs et l’approche de la vie sur lesquelles il repose.
Ce sont la définition même du style et de la substance. Lorsqu’on le regarde jouer, on sait pertinemment que chaque choix était réfléchi, au service de la performance. C’est également le cas des costumes, comme le confie Anthony : « Je me souviens des différentes options que proposaient les costumiers. Tout était soigneusement étudié ». En plus des costumes, la méthode impressionnante de Gregory Peck lui a permis d’incarner ses personnages à la perfection et de leur donner vie comme seuls les grands acteurs savent le faire.
Atticus Finch était non seulement le rôle le plus notable de Peck, mais aussi son favori. Que les montures qu’il portait dans le film soient devenus symboliques à part entière et soient appréciées par une nouvelle génération est merveilleusement approprié.
Une paire de lunettes peut facilement servir de base à une tenue ou transformer l’apparence de quelqu’un. Et si enfiler une paire de lunettes Gregory Peck ne consistait pas simplement à emprunter une partie de son style intemporel, mais à prendre le temps de réfléchir à sa personnalité ? Nous pouvons tous profiter d’un regain de confiance en enfilant des lunettes qui nous font nous sentir un peu plus élégants, marcher la tête haute et ressentir le petit je-ne-sais-quoi que possèdent les icônes.
Mais qu’en est-il des lunettes qui nous incitent à aiguiser notre sens critique, à agir avec dignité et à stimuler notre sens de la citoyenneté ?
Selon Oliver Peoples, ce serait une manière formidable d’honorer la mémoire de Gregory Peck, de perpétuer son héritage, et de le faire en toute élégance.
Texte: Andrew Maness
Photos: Les Belles Gueules et Leo Fuchs tirés du livre OLIVER PEOPLES CALIFORNIA AS WE SEE IT chez Assouline