• 20 mai 2023

BAARS nous parle de l’artisanat lunetier français

BAARS nous parle de l’artisanat lunetier français

1024 509 Les Belles Gueules

BAARS nous parle de l’artisanat lunetier français

Aujourd’hui nous vous présentons un article très bien écrit par Guillaume Thuau, co-fondateur de BAARS.

Dans cet article, vous allez découvrir les coulisse de la fabrication des lunettes Baars mais surtout l’histoire de la lunette en France.

Comment et où tout a commencé!

 

AU COMMENCEMENT

Tout commence en 1796, à Morez, (a quelques kilomètres d’Oyonnax). Au fond des montagnes, c’est un petit village situé à deux pas de la Suisse. Il se trouve en plein cœur du bassin métallurgique jurassien.
Là-bas, vit le maître cloutier Pierre-Hyacinthe Cazeaux : son métier consiste à fabriquer des clous pour de multiples usages, allant des souliers au fer à cheval. En 1796, une idée ingénieuse lui vient : celle de tordre un fil métallique pour encercler des verres de correction. Mais il en a une autre : celle de concevoir des branches qui enserrent l’oreille et permettent le maintien des lunettes. La lunette moderne en métal est née.Grâce à M. Cazeaux, c’est bientôt le village entier de Morez qui se spécialise dans la confection de montures de lunettes métalliques, puis le savoir-faire s’étend au bassin voisin, Oyonnax.

IMPROBO FABRUM LABORE ASCENDIT

À Oyonnax, une devise orne les murs et habite les esprits : “improbo fabrum labore ascendit” – “elle s’est élevée grâce au travail opiniâtre de ses habitants” -.

Ses habitants ont le savoir-faire chevillé au corps : Dans cette ville, on est alors faiseur de peignes de père en fils, comme en attestent les registres de l’état civil. De faiseurs de peignes en buis puis en corne, on devient faiseurs de peignes en celluloïd. Cette nouvelle matière plastique, la toute première du genre, a été inventée à la fin du XIXe siècle. Elle présente des qualités incomparables : elle est à la fois plus souple, plus légère, plus solide et plus malléable. On s’arrache ces nouveaux peignes.

Pour soutenir l’activité, la coopérative met en place une usine à vapeur, La Grande Vapeur. D’un genre nouveau, son organisation reste ancrée dans les racines paysannes de ses ouvriers. En effet, elle regroupe 32 cabines individuelles, chacune raccordée au moteur central. Son fonctionnement était réellement celui d’une coopérative : pour occuper ces cabines, les ouvriers devaient verser un loyer mais ils étaient, en contrepartie, indépendants. Ils pouvaient donc bénéficier de l’énergie vapeur à leur guise tout en conservant leur liberté de travail. Ces ouvriers se voyaient sous-traiter la fabrication des lunettes, de la part des marchands et c’est ainsi que la région prit son essor économique.

 UN NOUVEAU SUCCES

Mais dans les années 1920, la croissance s’essouffle : la mode des cheveux courts provoque un déclin soudain et inattendu des ventes de peignes. Les Roaring Twenties (les années folles) font souffler un vent de liberté tout droit venu des États-Unis : les actrices américaines Louise Brooks et Josephine Baker inspirent les femmes françaises. Tout comme Coco Chanel, elles arborent désormais des coupes boyish, des coupes à la garçonne. À l’époque, une femme sur trois porte les cheveux courts : le peigne devient donc un accessoire désuet. Alors on cherche à diversifier les activités : on utilise l’acétate de cellulose, successeur du celluloïd, pour produire des jouets, des pièces techniques … et des lunettes.  C’est à cette époque que la vallée du Jura devient ce que l’on a ensuite nommé la Plastic Valley, c’est-à-dire un véritable bassin industriel et technologique qui continue encore aujourd’hui son envergure nationale comme mondiale. Les lunettes jurassiennes connaissent un grand succès : elles incarnent la modernité. Et elles s’exportent ! Dans les années 1950, les artisans lunetiers sont submergés par les demandes américaines : on leur commande des lunettes en acétate par milliers !

LE CHALLENGE DE LA DELOCALISATION

Ce parcours, c’est celui de notre usine principale, Lucal, dont les origines remontent en 1900 et la fabrication de peignes et barrettes. Lucal connaît aussi la folie des années 50 jusqu’à son apogée, en 1980, où cette entreprise familiale compte désormais 400 employés et travaille avec des grands noms de la mode comme Lanvin et Chloé.  Comme beaucoup d’autres hélas elle connaîtra le déclin dû à la délocalisation croissante des ateliers de production : Taïwan, Hong-Kong ou encore le Japon proposent des modèles moitié moins chers. Ce déclin s’accentue encore avec l’ouverture commerciale de la Chine. Les grandes maisons les premières ont quitté le navire pour le pays du milieu où les coûts de production y étaient moindres. Dos au mur, certains ateliers ont été contraints d’y délocaliser une partie de leur production. C’est dans ce contexte difficile qu’est né le deuxième de nos fabricants : Optisun.

En 1980, Edmond Maitre, décide de créer ses propres lunettes :. À l’époque, c’est dans son garage qu’il construisait les prémices du savoir-faire d’Optisun. En 1985, l’entreprise est née et comptabilise 10 salariés. En 1990, son fils Olivier rejoint l’entreprise. Il comprend rapidement que la modernisation de l’outil de production est nécessaire pour faire vivre la lunette et le savoir-faire Français, chers à son cœur.  C’est ainsi que l’entreprise fabrique ses propres machines à commandes numériques pour moderniser l’usine et apporter de nouvelles techniques et procédés de fabrication. Ces efforts positionnent aujourd’hui Optisun comme une usine dont le fruit du travail est admiré partout dans le monde.

Cet article a été écrit par Guillaume Thuau, co-fondateur de Baars.

Photos: BAARS